dimanche 25 octobre 2015

«Les prix, je n’y ai jamais pensé deux minutes, c’est pas dans ma nature, assure l’infirmière devenue sous-ministre de la Santé au Nouveau-Brunswick. C’est sûr que ça fait chaud au cœur.»
Retraitée depuis 2014, Rachel Bard a reçu «pour l’œuvre de toute une vie» la plus haute distinction de la Société santé en français (SSF), le 15 octobre, à l’occasion d’une rencontre nationale des 16 réseaux. Sa participation a commencé au moment où se déployaient des études qui allaient confirmer la langue comme un déterminant de la santé au Canada.
«Au début des années 2000, j’ai participé aux consultations que coordonnait Hubert Gauthier (qui allait devenir le premier directeur de la SSF). J’étais sous-ministre adjointe en santé à ce moment-là. Je suis devenue la représentante de la province parmi les cinq partenaires de la structure de la SSF au Nouveau-Brunswick.»
«Au début, la santé des francophones était moins bonne parce que la langue n’était pas respectée. Les liens qu’on a établis ont été un grand succès pour sensibiliser à l’importance des services en français. On a travaillé beaucoup au niveau de la promotion et de la prévention.»
Rachel Bard est devenue membre du conseil d’administration de la Société de 2002 à 2007, tout en assumant les fonctions de sous-ministre pour l’Éducation postsecondaire. Elle était en contact avec les hauts fonctionnaires associés de près à la formation en santé dans toutes les provinces.
«L’approche non revendicatrice a été très avantageuse pour nous. Les gouvernements ne voulaient pas s’engager avec la SSF parce c’était perçu comme un autre groupe de pression. J’ai pu parler à mes vis-à-vis des autres provinces pour démystifier, pour leur dire qu’on ne voulait pas travailler contre eux, mais avec eux.»
«Il fallait être à la même table pour intégrer les services en français à l’intérieur des systèmes de santé et non à l’extérieur, dit-elle. C’était important que les ministères s’engagent.»
Une ambassadrice
Rachel Bard est demeurée une ambassadrice des services en français jusqu’à la fin de sa carrière: d’abord comme sous-ministre de l’Environnement, puis directrice de l’Association des infirmières et infirmiers du Canada et à divers conseils d’administration, dont l’Association des médecins du Canada et le Réseau canadien des leaders en santé.
«Je crois beaucoup à l’importance de la santé primaire, c’est la pierre angulaire pour la SSF. Comme infirmière, j’ai travaillé dans les communautés en santé mentale. L’idée est de prévenir autant que possible l’entrée dans le système des soins en établissement.»
«C’est important d’être à la table des discussions pour influencer, pour faire avancer les politiques. Je vais continuer à donner un coup de main dans les coulisses. Je le fais parce que j’y crois.»
L’Î.-P.-É reconnue
Le ministère de la Santé de l’Île-du-Prince-Édouard y croit aussi. Il a reçu de la SSF le Prix de reconnaissance nationale 2015 pour le renforcement de services aux aînés francophones et l’inclusion de la langue sur la carte-santé de la province. La coprésidente Johanne Irwin du Réseau santé en français Î.-P.-É. explique la démarche.
«Tout récemment, les insulaires ont reçu un sondage du ministère leur demandant d’indiquer leur langue de préférence pour la prestation de services. Une fois les renseignements reçus, leur profil langagier sera lié à leur carte-santé. Cette première au Canada permettra la collecte de données sur l’utilisation des services de santé selon la langue de l’usager et de mieux planifier la prestation des services.»